« Pas d’abbaye sans un grand vin devant ses murs »
Cet adage résonne particulièrement à Aniane.
A la fin du VIIIe siècle, au moment où Saint-Benoît fonde son monastère, le choix d’implantation d’une abbaye dépend alors directement de la capacité du sol à cultiver la vigne. Aniane, située à proximité de deux abbayes au rayonnement incontestable (les abbayes de Gellone et de Saint Benoît), est donc historiquement une terre de vins. Ainsi, on a de solides raisons de penser que Saint Benoît, qui crée alors le vignoble de la vallée du Gassac, a fait goûter à Charlemagne les premiers vins du cru.
Le travail acharné des hommes, leur entêtement à obtenir le meilleur de cette terre, allié à la transmission d’un savoir-faire millénaire, feront naître les grands vins d’ici.
Le Ragoût d’escoubilles de la Saint-Innocents
Traditionnellement, c’est un ragoût de gens modestes, qui mêlaient à quelques légumes les restes de viande qu’on ne pouvait conserver.
Les « escoubilles » sont donc les restes, et plus particulièrement, à Aniane, les restes de la dinde de Noël. Avec ces « restes » de dinde, on faisait mijoter les légumes : carottes, céleri, pommes de terre, olives vertes, noires, champignons de Paris (secs). Quand le plat était prêt, on versait le tout dans la « croustade », sorte de grosse bouchée à la reine feuilletée, qu’il fallait commander chez le boulanger, et qui faisait un beau plat doré comestible ! Dans certaines maisons à Aniane, on savoure toujours ce plat le 28 décembre, jour de la fête des Innocents, l’autre nom donné aux Anianais.
Le Branle des chemises : plus de 150 flambeaux
Après la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, les Protestants voient leur liberté de culte disparaître et, dans les régions de France où ils étaient fortement implantés, dont le Languedoc, les persécutions recommencent : les temples sont détruits, les assemblées interdites.
A Aniane comme ailleurs, les temps sont à la méfiance et au secret : en signe de reconnaissance, on va endosser une chemise blanche (d’où le terme de « camisards ») et se retrouver dans les rues, la nuit.
Pour commémorer ce combat des protestants pour le libre exercice de leur culte, le Branle des Chemise voit, chaque année, les habitants d’Aniane revêtir une chemise, et défiler dans les rues à la lueur des flambeaux.
LES INNOCENTS ET LA LEGENDE
Un vol s’était produit entre Aniane et Gignac. De jeunes gens d’Aniane furent accusés et obligés de comparaître devant le tribunal de Lodève. Ils furent jugés non coupables, effectivement, ils n’avaient rien à se reprocher. Alors quel fut leur plaisir de clamer leur innocence en passant dans chaque village depuis Lodève. Et par dessus les charrettes, ils criaient « nous sommes d’Aniane, nous sommes Innocents » (sem d’Aniana, sem inocents) voilà pourquoi, on appelle les Anianais « les innocents ».
Un édit royal de 1533, renouvelé ensuite par les souverains successifs, institue la foire d’Aniane le 28 décembre, jour des saints Innocents.