Histoire

La naissance d’Aniane

 

Witiza, futur saint Benoît d’Aniane, est né en 750. Il est le fils du comte Aigulfe, seigneur goth, gouverneur de Maguelone et de Substantion. Envoyé à la cour d’Aix-la-Chapelle, il est d’abord officier de la cavalerie carolingienne avant de décider de revêtir l’habit monastique.

En 778, il construit une cabane dans un lieu sauvage, voisin des sources de Saint-Rome et Saint-Laurent, au débouché des gorges d’un ruisseau appelé Anio. Là vivait un ermite nommé Widmar, près d’une chapelle dédiée à saint Saturnin. Un petit groupe de moines et de compagnons vient se joindre à lui pour vivre sous la règle bénédictine.

Vers 780, un monastère plus vaste est fondé, à quelques mètres en aval de la rivière.

Pendant la terrible famine de 793, une foule d’affamés vient se fixer autour de l’abbaye, attirée par la charité des moines et les premiers miracles de saint Benoît, lequel accorde des terres cultivables aux paysans, en ne tolérant aucun servage sur celles-ci.

C’est vers cette date qu’est édifiée une église dédiée à saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse d’Aniane. Entourée d’un cimetière, ses caractéristiques ne sont pas connues, mais de nombreuses tombes anciennes ont été trouvées lors des travaux réalisés autour de la chapelle actuelle.

 

L’œuvre de saint Benoît

 

Au VIIIe siècle, l’abbaye prend rapidement de l’importance au point que le monastère est agrandi pour pouvoir accueillir mille moines. Saint Benoît fonde plusieurs cella dépendant d’Aniane, comme Celleneuve. Il envoie dans tout l’Empire des moines et des abbés qui redonnent de la rigueur à la vie monastique en rétablissant la règle bénédictine.

Louis-le-Débonnaire, dit Louis-le-Pieux, fils de Charlemagne, appelle saint Benoît à la cour d’Aix-la-Chapelle en 815. Il fonde un monastère à Cornelimunster qui devient une école de cadres travaillant à la réforme monastique. On lui confie la responsabilité de tous les monastères de l’Empire. Il exige que les abbayes deviennent des centres d’études et de culture, en réaction à la décadence des derniers siècles, notamment dans le domaine des sciences sacrées. La bibliothèque d’Aniane est riche de nombreux ouvrages, manuscrits et objets précieux, dont le plus célèbre est un évangéliaire recouvert d’ivoire.

L’abbé d’Aniane meurt le 11 février 821 à l’âge de 70 ans, au monastère d’Inda, en la neuvième année du règne de l’empereur Louis-le-Pieux.

L’uniformisation de la règle bénédictine entreprise par saint Benoît sera poursuivie au siècle suivant par les abbés de Cluny.

 

La période gothique

 

La première église correspondait probablement au tracé actuel. Elle était voûtée sur croisée d’ogive et fortifiée, en partie entourée du cimetière communal.

Au XVIe siècle, le calvinisme s’implante en France. À partir de 1560, les guerres de religion saccagent les édifices religieux. Les huguenots chassent ou tuent les prêtres, détruisent les ornements, les chœurs, les voûtes, afin d’empêcher le culte. Maguelone est pillée en 1562.

À Aniane, la riche bibliothèque et l’abbatiale Saint-Sauveur sont détruites lors d’une incursion huguenote conduite par un seigneur de la Maison de Crussol. Le même sort est réservé à l’église Saint Jean-Baptiste. Puis les passions s’apaisent.

En 1590, un renouveau religieux émerge avec la fondation de la confrérie des Pénitents Blancs. Leur chapelle est située rue des Arnaud au centre du village (elle sera vendue comme bien national à la Révolution). Leur participation aux cérémonies et aux œuvres charitables se perpétueront jusqu’au XXe siècle. Les habitants reconstruisent leur église paroissiale Saint Jean-Baptiste. Elle sera achevée vers 1600, comme l’atteste le médaillon placé au milieu de la croisée d’ogive de la voûte centrale, gravé aux noms des « Consuls » alors en exercice : E. Garone, E. Frezou et J. Mazet.

 

Les siècles difficiles

 

À la mort de saint Benoît, le nombre des moines diminue. Les religieux accordent une partie des terres aux habitants qui y construisent leurs maisons. L’église Saint-Jean-Baptiste devient, sur le site actuel, l’église paroissiale de la ville naissante.

Aux XIIe et XIIIe siècles, Aniane est entourée de solides remparts et de cours protégeant trois portes principales : les portes de Saint-Jean, de Saint-Guilhem et de Montpellier. Elle est cernée d’un fossé de six cannes (près de 10 mètres). La façade de l’église épouse le tracé extérieur du côté sud.

C’est une période de développement et de stabilité malgré l’hérésie cathare. Aniane fait alors partie du diocèse de Maguelone et de la viguerie de Béziers.

La seconde moitié du XIVe siècle sera désastreuse pour la région. La guerre de Cent Ans secoue la France. Dès 1355, de Bordeaux à Montpellier, les Anglais du Prince Noir pillent et massacrent. Puis ce sont les grandes compagnies, les routiers, les pillards de toutes sortes qui ravagent et rançonnent le pays. En 1384, Aniane ne compte plus que 13 « feux » (foyers).

Au XIVe siècle un clocher est élevé. Mais c’est à la suite des guerres de religion qui ravagèrent les édifices religieux de la commune que l’église fut reconstruite dans sa quasi-totalité de la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle.

 

Grandeur et décadence

 

L’église Saint-Jean-Baptiste connaîtra encore plusieurs transformations. En 1684, on entreprend de « réparer » le chœur et la nef, et toutes sortes de travaux sont effectués. Elle est meublée d’objets de valeur : les stalles sculptées des prieurs, de style Renaissance, qui se trouvent actuellement dans le chœur de l’église Saint-Sauveur, ainsi que la porte de la sacristie en témoignent.

En 1775, la voûte du porche d’entrée menace de tomber en ruine. L’édification du portail actuel est entreprise vers 1780. À la même époque, la Mairie est construite ainsi que le boulevard extérieur, et la plupart des fontaines d’Aniane voient le jour.

Au début du XIXe siècle, la tribune supérieure est utilisée par la confrérie des Pénitents Blancs qui prend une part active dans la vie de la paroisse. On parle encore aujourd’hui de l’église « des Pénitents » qui fut l’annexe de l’église paroissiale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Abandonnée ensuite, puis désaffectée par décret du 10 novembre 1950, la plupart de ses décorations et son mobilier ont disparu. Au début des années 1980, des bénévoles anianais de la Municipalité et du Foyer rural entreprennent de la mettre en valeur. Son clocher et son portail sont restaurés en 1997.

Depuis de nombreuses années, l’église des Pénitents accueille des manifestations culturelles (expositions, concerts, théâtre, art lyrique…)

Si seul son portail était, depuis 1950, inscrit sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, l’église des Pénitents est, depuis juin 2010, inscrite dans son ensemble au patrimoine historique.

 

 


 

 

 

Les origines

 

La naissance d’Aniane remonte à la fin du huitième siècle, lorsqu’un certain Benoît, de son vrai nom Witiza, s’établit avec plusieurs compagnons sur les bords de l’Anio.

Benoît, né en 750 en Septimanie, était un aristocrate de l’époque carolingienne qui, avant de devenir le célèbre Saint Benoît d’Aniane et d’être le principal artisan de la renaissance carolingienne, s’entrainait farouchement à la vie monastique en s’imposant une formation ascétique particulièrement rigoureuse.
Sa quête de monachisme le mena à s’exiler pour s’installer sur sa terre natale, l’Hérault.  C’est donc le long du cours d’eau appelé Anio, aujourd’hui l’espace Saint-Laurent, qu’il construisit une cabane, non loin d’une chapelle dédiée à Saint Saturnin. Benoît, entouré d’une poignée de fidèles, y vécut plusieurs années, répandit sa foi et diffusa une pratique de la religion dont le nombre d’adeptes crût sans cesse.

Devant l’augmentation de ses partisans, il décida aux alentours de l’an 780 d’établir un autre monastère, bien plus grand, en aval du ruisseau. C’est là que l’Abbaye d’Aniane vit le jour, abbaye qui attira rapidement croyants et curieux et  qui devint église paroissiale. La ville était née.

Ainsi, un noyau se constitua autour de ce centre religieux et prit sans cesse de l’ampleur. Aniane sera, par le biais de son abbaye, le point de départ et donc le modèle de la réforme monastique souhaitée par le roi et menée par Benoît dans toute l’Europe Occidentale. Son rayonnement dépassa largement le pays et dès lors, la ville fut connue de tous ses voisins.

Le long de la route du sel et du chemin menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, Aniane est un lieu de passage d’une rare sérénité, accueillant par tradition, où l’on aime rester, un jour ou toujours…

 

Ce qui a marqué Aniane

 

La viticulture

La mono-culture est apparue durant la deuxième moitié du XIXe. Aujourd’hui, Aniane possède des crus de grande qualité dont la dégustation est incontournable

L’oleiculture

De nombreux moulins à huile ainsi qu’une coopérative ont existé à Aniane. Dans certaines maisons particulières, on trouve encore les cuves à huile utilisées pour la conservation. Culture de tradition antique très présente jusqu’en 1956, année de grand gel, et se redèveloppe progressivement depuis quelques années.

Le travail du cuir

S’exerce du XVIIIe jusque début XXe , on a compté jusqu’à 65 établissements spécialisés dans la tannerie au XIXe siècle.

La colonie pénitentiaire

installée à partir de 1845 dans le monastère de St Benoît, cet établissement porta différents noms : colonie agricole et industrielle – pénitentiaire, Centre d’Education Surveillée,…l’ISES. Géré par le Ministère de la Justice, des adultes, des adolescents ou de jeunes orphelins ont été retenus dans ces lieux.

 

Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle

 

L’itinéraire Via Tolosana ou itinéraire d’Arles vers Saint Jacques de Compostelle traverse la Vallée de l’Hérault. Il chemine entre garrigue et forêt, traverse les Gorges de l’Hérault pour atteindre l’Abbaye de Gellone.

Dès l’an mil, des pèlerins venant d’orient et d’Italie passent par le port et sanctuaire de Saint-Gilles et traversent les terres du Comte de Toulouse pour gagner les Pyrénées et, de là, s’engager sur le Camino Francès en Espagne. En Languedoc, ils peuvent faire halte à l’abbaye de Gellone pour se recueillir devant les reliques de Guilhem, preux chevalier et fondateur de l’abbaye, mort en 812, et devant les fragments de la Vraie Croix offerts par Charlemagne.

Ce pèlerinage, spécifiquement médiéval, honore la mémoire de Saint Jacques, frère de Saint Jean, identifié au travers de la légende comme l’évangélisateur de l’Espagne païenne au 1er siècle et le Saint Patron de l’Espagne. A partir du règne de Charlemagne, il est considéré, dans la péninsule ibérique, comme le « matamore » ou « tueur de Maures », assistant  les armées chrétiennes contre les sarrasins. Pour rendre hommage au Saint, les pèlerins se rendaient à la pointe Nord-Ouest de l’Espagne, au fin fond de la Galice, le bout du monde connu à cette époque …

Aujourd’hui encore, après les étapes de Saint-Gilles du Gard et de Montpellier, les cheminants traversent la vallée de l’Hérault et empruntent le GR 653. Entre garrigue et oliviers, à Montarnaud et à la Boissière, ils rejoignent l’abbaye d’Aniane puis celle de Gellone à Saint-Guilhem-le-Désert, par la traversée du pont du Diable. Plus loin, ils prolongent en passant parMontpeyroux, Arboras et en traversant Saint Saturnin de Lucian, ils repartent vers Lodève, Castres, Toulouse, Oloron Sainte-Marie…

Aunsi, chaque année, ce sont environ 2900 pélerins qui reçoivent la Compostela (certificat de pèlerinage délivré par la cathédrale) à leur arrivée à Saint-Jacques. Et Aniane est une étape privilégiée sur leur route … Ainsi, un large choix d’hébergements (une quinzaine de lieux au total: hôtel, gîtes, chambres d’hôtes) est proposé aux pélerins de passage. Pour recevoir le tampon attestant de leur passage, les pélerins peuvent s’adresser à l’accueil de la mairie.